Séance 1 : Entrer dans la dramaturgie avec Hugo Boris

Le 10 novembre, les élèves de TACCUEIL ont participé à la première séance dans le cadre du programme « Écrire le travail, écrire les métiers », animée par Hugo Boris, écrivain contemporain plusieurs fois primé par des jurys de lycéens. Auteur de romans tels que Le courage des autres, Police — adapté au cinéma en 2020 — sa plume explore souvent les dilemmes intérieurs et les zones grises des personnages.

Hugo Boris a présenté un « kit de survie du scénariste », résumant 25 siècles de dramaturgie en moins de deux heures pour expliquer les règles fondamentales de toute histoire :

1. Objectif + obstacles
Hugo Boris a expliqué que le cœur de toute histoire est le conflit : un personnage poursuit un objectif et rencontre des obstacles, qui peuvent être internes (timidité, peur, maladresse, lâcheté, comme dans Le courage des autres) ou externes (murs, personnes, circonstances). Cette tension crée l’émotion et permet au spectateur ou au lecteur de s’identifier au personnage.

2. Le protagoniste
L’histoire doit avoir un protagoniste clair, dont les désirs et motivations orientent l’intrigue. Hugo Boris a insisté sur l’importance de comprendre le personnage pour créer de l’empathie, même si ce personnage est antipathique, comme Dexter.

3. La structure
L’auteur a présenté la structure classique en trois actes :
- Acte 1 : exposition de l’objectif
- Acte 2 : développement des obstacles et négociations
- Acte 3 : résolution ou non-réalisation de l’objectif

4. L’exposition
L’exposition doit introduire rapidement le personnage, son objectif et le contexte. Elle doit permettre au spectateur de comprendre les enjeux dès le début, sans longs discours.

Travail sur le court-métrage Omnibus

Après le point sur l’exposition, les élèves ont visionné le court-métrage Omnibus pour vérifier leur compréhension des concepts vus. Hugo Boris leur a posé les questions suivantes :

- Qui est le protagoniste ?
Réponse : Jean-Louis Martichou

- Quel est son objectif ?
Réponse : descendre du train

- Quels obstacles rencontre-t-il ?
Réponse : obstacles externes : contrôleur, conducteur, horaires, danger du saut, homme qui le rattrape

- Comment se structurent les trois actes ?
Réponse :
Acte 1 : expression claire de l’objectif : descendre du train
Acte 2 : négociations et obstacles prolongés
Acte 3  : conclusion, objectif non atteint

5. Les activités signifiantes et les dialogues
Hugo Boris a insisté sur l’importance de montrer plutôt que dire, en citant Hitchcock : "tout ce qui est dit au lieu d’être montré est perdu pour le spectateur". Exemple : un enfant qui cherche l’amour maternel ne dit pas « Maman, est-ce que tu m’aimes ? », il se glisse dans ses bras, s’accroche à sa jupe, lève les yeux. Les dialogues doivent être concis et fonctionnels, et l’histoire commence souvent in media res, directement au cœur de l’action.

6. Surprises et suspense

- Surprise : événement inattendu pour le spectateur

- Suspense : repose sur l’ironie dramatique, lorsque le spectateur sait quelque chose que le personnage ignore
Exemples : Titanic (on sait ce qui va arriver au paquebot), Cyrano de Bergerac (Roxane ignore que Cyrano écrit pour Christian), ou des histoires de cambriolage où l’on devine que rien ne va se passer comme prévu.

7. Présentation formelle d’un scénario

À partir du scénario de Police, Hugo Boris a expliqué les règles de format :

– Tout doit être visible ou audible (pas de pensée pure)
– Temps narratif : présent
– Une page = une minute d’écran
– Chaque séquence : numéro, lieu, intérieur/extérieur, jour/nuit, personnages en majuscules
– Police recommandée : Arial ou Courier

Travail à préparer pour la prochaine séance
Les élèves doivent imaginer une situation dramatique ou humoristique qu’un agent d’accueil pourrait vivre : imprévu, émotion forte ou problème inattendu. Cette situation servira de point de départ pour un futur scénario